Ce jour-là, le temps était assez particulier. Sommeillant au fond de ma tanière, je savais qu'aujourd'hui, je devais aller chercher des herbes près de la grotte. Et il fallait que je parte assez tôt, il fallait les cueillir fraîches.
Bougonnant contre moi-même, je me tirai définitivement de ce demi-sommeil et me levai doucement, un peu dans les vapes.
Lorsque je sortis, une brume enveloppait le camp. On apercevait à peine le ciel à travers cette masse blanche. Je soupirai et m'étirai longuement ; je n'avais aucune envie d'aller jusqu'à la grotte ! C'était si loin... mais il le fallait. Pour le bien de mon Clan. Il le fallait, tant que l'été était présent - même si on n'en avait pas vraiment l'impression pour le moment...
En sortant du camp, j'indiquai au félin qui gardait l'entrée que j'allais à la grotte. Il me fit signe que je pouvais y aller d'un signe de tête.
A l'extérieur du camp, ce n'était guère mieux. Je ne voyais pas plus de quelques mètres devant moi ; j'essayais de me rassurer en songeant que je connaissais le chemin par cœur. Depuis le temps...
Cela faisait maintenant près d'une heure que je marchais, et, flemmarde que j'étais, je n'allais pas à l'allure que j'aurais aimé avoir ; si je continuais ainsi, j'en aurais pour la journée ! Alors, j'inspirai un grand coup et pressai le pas, n'ayant aucune envie de traîner dans les bois telle une furtive.
Mes coussinets commençaient à me brûler lorsqu'enfin j'entendis le grondement sourd de la cascade qui masquait la précieuse grotte. Je poussai un soupir de soulagement et commençai à longer les herbes qui la recouvrait. Puis, à quelques mètres à peine de l'eau tonitruante, j'eus comme un frisson. Le rideau d'eau qui masquait la grotte semblait affreusement puissant. Par réflexe, par peur aussi, je reculai d'un pas tout en me mordant la lèvre inférieure.
Allez ! Ça ne fait pas la première fois que tu viens ici ! Et puis, arrête de traîner, ou tu finiras par arriver vers minuit au camp !
Alors, prenant mon courage à deux mains, mais néanmoins tremblante comme une feuille, je bondis souplement dans la grotte.
Le contact avec l'eau fut brutal. J'avais l'impression de recevoir une gigantesque claque tandis qu'elle ruisselait abondamment sur mon dos et prenait ma fourrure à rebrousse-poil.
C'est ainsi que je rentrais dans la cavité. Il faisait noir comme une nuit sans lune. Puis, soudain, je sentis une odeur venant de mon propre clan.
On m'épiait !
- Qui êtes-vous ? lançai-je le plus fort possible malgré le bruit de l'eau.